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Je vous écris de Gaziantep
10 novembre 2011

Toilettes turques

  Après vérification, ceux-ci portent bien leur nom. Il n’y a guère que dans les appartements confortables que cette décennie de modernisation a vu construire que l’on trouve un trône comme chez nous – attention, il ne remplace pour autant son homologue turc, qui y est aussi a disposition. Aussi avons-nous le choix, chez nous, de faire nos besoins à la mode de chez nous ou d’ici !

   Partout ailleurs, nous trouvons les fameux petit coin qui invite à s’accroupir pour se délester. Sur le coté, un robinet orne toujours le mur, avec un petit sceau – avec un peu de chance, il y aura aussi du pq...

  A tout cela, rien de bien nouveau me direz-vous. La chose amusante commence lorsque, attablé dans une gargotte ou bien sirottant votre quatrième thé dans un joli café, vous êtes pris d’une envie pressante. La question qu’il vous faut poser alors n’est pas « où sont les toilettes ? » mais « est-ce qu’il y a des toilettes », tout en sachant qu’il a peu de chance que la réponse soit positive. Le bonhomme de la gargotte vous répond donc que malheureusement non, il n’y a pas de toilettes, avec une mine désolée... mais cette mine est vite effacée par un éclair dans le regard et le sourire qui se dessine : une idée lui est venue.

    Il fait venir le garçon qui débarasse les tables ou un de ceux, habitués, assis devant leur döner ; une palabre s’engage, dont je peine encore à saisir les bribes, puis le jeune homme nous fait signe de le suivre. Quelques boutiques ou ruelles plus loin, il nous fait entrer dans un étroit couloir joyeusement crasseux, monter des escaliers.

   Au premier étage, il y a un café où les hommes jouent aux cartes. Le garçon notre guide hèle le patron, lui explique en trois mots la situation, puis nous désigne les fameux toilettes. Il vous attendra tranquilement assis dans les escaliers, et vous reconduira, non sans fiereté, indifférent aux garçons de son âge qui s’approchent pour nous regarder passer, en lançant quelque « hello » au milieu de leur rires.

   Le bonhomme de la gargotte vous voit revenir de cette petite expedition avec un contentement non contenu...

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