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Je vous écris de Gaziantep

26 mars 2012

Dérive urbaine...

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     Le terme est piqué au vocabulaire de quelques étudiants urbanistes visitant İstanbul... L'idée est d'arpenter les ruelles, se laissant guider par le hasard et les intuitions (on s'arrête à chaque croisement, on se tâte pour voir de quel coté prendre, quelle direction on sent le mieux - avec un peu de pratique, cela devient naturel et on erre en senblant savoir où l'on va) dans le but de découvrir une ville, de se laisser surprendre par son labyrinthe, avec l'espoir de tomber, Inch'Allah, sur quelques curiosités. C'est ce que mon amie polonaise et moi faisons depuis quatre mois : bonne chaussures ou pied, nous faisons confiance à la ville pour nous perdre dans ses dédales et nous dévoiler quelques uns de ses visages. Quelques nouveaux clichés d'Antep, pris sur ces routes qui se proposent toutes seules et ravissent toujours (ou presque!) qui viennent s'ajouter aux précédents.

 

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Aux limites de la ville, des airs de village...

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...ses bergers...

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...et ses femmes aux şalvar (chalvar) fleuris...

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...et l'art de ne rien faire (plutôt que d'affecter l'air affairé de l'urbain!)

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26 mars 2012

Le printemps est arrivé !

     Dans les rues, les tables à roulettes des marchands ambulants ont délaissé les oranges et betteraves rouges, ce sont maintenant des montagnes de fraises et d'amandes fraiches qui attirent le passant. Finit aussi, les samovars en cuivre jaune qui, aux coin d'une rue ou d'un parc, tenaient prête cette boisson si douce et chaude qu'est le sahlep (un délice fait de lait, poudre d'orchidée et de sucre) et qu'un bonhomme emitoufflé dans son écharppe vous saupoudrait de canelle : les glaces tiennent désormais le haut du pavé. Et, aux branches des arbres noircis et qui s'emblaient morts au milieux des terrains vagues durant l'hiver, les premiers bourgeons!

 

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     Le week-end, les parcs sont pleins à craquer : on pic-nique en famille, apportant samovars pour le thé, immences plateaux en fer pour y préparer la viande des kebaps et des petits feux qui crépitent un peu partout (kebap en turc signifie grillé, il s'agit donc ici de barbecue...ce qu'en france nous appelons kebab, la viande qui tourne et qu'un grand couteau découpe en lamelle s'appelle döner, qui veut dire qui tourne). Les journées, qui s'étendent enfin au delà de 16h30, sont chaudes et sèches, la poussière flotte dans l'air et l'on arrose le devant des boutiques, on se verse de l'eau sur le foulard qui tient trop chaud mais qu'on enlève pas pour autant. Même si ce n'est pas l'été et qu'il ne fait qu'une vintaine degrès... La ville s'éveille, fourmille, s'affaire un peu, prend surtout le temps de goûter au joli temps qui revient. 

  

 

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18 mars 2012

La çay evi

     C'était il y a un mois, peut-être un peu plus, quand nous sommes allées nous promener à l'ouest, direction la Méditerranée.Avant Mersin, nous nous sommes arrêtée à Osmaniye, petite ville qui surgit, dans la plaine aride traversée depuis Gaziantep, au pied d'une montagne. Par un heureux hasard, une amie de Natalia était là, en vacances dans la famille de son petit ami turc. En arrivant, ayant quelques heures devant nous, nous avons flaner dans les rues et, quand la nuit d'hiver pressée de tomber nous a surprise de son vent si froid, nous avons poussé la porte d'une çay evi (prononcer tchay, maison de thé). Son nom, Köy evi ou maison du village, laissait présager un décor traditionnel. En entrant, la petite salle était en effet ornée des tapis et tentures, et les petits tabourets de bois entouraient les tables basses recouvertes de tissus locaux. Nous nous installons sous le regard surpris et joyeux des trois hommes de la maison (grand-père, père et fils) qui nous servent le thé. L'embrasure d'une porte, au fond, nous laisse apercevoir une autre pièce, plus grande, où des groupes d'hommes jouent au tavla  et au okey, passe-temps favoris des hommes turcs et occupation principale de ceux qui prennent de l'âge. Aucune femme dans cet endroit : les çay evi, qui sont une véritable institution, sont réservées aux hommes, non pas que l'entrée en soient explicitement interdite aux femmes, mais cela serait contre nature... Nous sommes entrées là sans y penser...

     La surprise passée, le statut de missafir (invité) que nos visages européen nous confèrent fait son effet : thé offert, attention redoublée et délicate discrétion. Au bout de quelques instant, un homme sort d'une pièce sur le coté, dont nous n'avions pas remarqué la petite porte en bois qui était fermée. L'employé nous observe tout étonné puis, échangeant quelques mots avec son patron, montre du doigt la fameuse porte... L'ouvrant de nouveau, il nous fait signe : Buyrun! (bouyroune, littéralement ordonnez, que l'on traduira par je vous en prie)  Comme nous ne comprenons pas tout de suite ce qu'il nous veut, il insşste, nous dit d'entrer dans la petite pièce, que nous serons plus confortablement installées et plus tranquilles. Nous échangeons un regard puis un sourire qui sert de décision : reprenant nos sacs, enlevant nos chaussures pour ne pas salir les tapis qui recouvrent le sol, nous prenons possessions de nos quartiers. L'homme nous apporte de nouveau du thé, et un peu empressé, voulant subvenir au moindre de nos souhait, ressort en saluant et en tirant la porte, qui restera entrebaillée. 

 

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    Que signifie cette histoire ? Que les femmes n'ont vraiment pas leur place dans une maison de thé, mais que leur présence n'est pas tant source de désagrément pour les hommes qui, après une seconde d'étonnement, retournent à leurs jeux et palabres, que pour elles, qui peuvent être génée par la présence et surtout les regards masculins. Nous sommes restées là à nous prélasser sur les coussins pendant une heure ou deux, aussi tranquille que dans notre salon mais avec en plus un verre de thé apporté régulièrement par le garson (ainsi disent-ils le ou la serveur/se), au frais de la maison. La présence de ces deux misafir étrangères a bien sûr eu son petit effet, et quand la porte s'entrouver pour laisser entrer nos thés fumants, nous appercevions des têtes curieuses et comprenions, parmis les paroles qui fusaient parmis les rires des jeunes hommes les mots yabancı, iki tane misafir et autres bouts de phrases ayant trait à cette exceptionnelle situtation -  la seule gène à laquelle nous avons dû faire face fut la difficulté de ne pas rire trop fort quand la porte se refermait sur l'attentionné-intimidé serveur et les jeunes fanfarons de ses clients!
15 mars 2012

Hammam

 Un après-midi au Hammam - Naib hammamı a été construit il y a cinq siècle et est connu pour être le plus beau de la ville...
 
     Une première pièce, avec des sortes de blacons en bois dans les angles où les familles entassent leurs vêtement et autres affaires, une fontaine au centre et des gamins qui jouent, des mères qui papotent. Une toute petite porte, un couloir tout aussi exigu, une seconde ouverture et des claquements de mains, des chants, le son des tambourins nous parviennent... Nous avons la chance de venir un jour de fête! Une jeune fille s'apprête à se marrier, toutes les femmes de la familles se retrouvent au Hamam pour célébrer, à leur manière et plus librement qu'en la société des hommes, l'heureux évènement. Dans la seconde petite salle, des chaises en plastique contre les murs où les plus agées sont assises, tapant sur un tambour ou dans leurs mains. La génération suivante est debout, accompagnant le chant des jeunes filles qui danse au centre. Les youyous s'élèvent régulièrement et raisonnent dans l'alcôve du toit - la fête occupe tout l'espace sonore et physique, et les vapeurs du hamam font que l'on entre dans un morceau de joie qui s'empare de vous et à laquelle il est difficile de résister! Chants et danse, gommages, çiğ köfte et patisseries, fruits... Nous arrivons dans la troisième pièce, toute de marbre. Quatre aclôves abritent une sorte de lavabo profond, dans lesquels les robinets versent leur eau brûlante ou glacée. Une dame s'assoit à cotşe de moi et entame la conversation. Elle rit en me parlant des femmes agées qui se promènent ou se prélassent dans le hamam : elles sont ici comme chez elles, venant chaque matin, repartant le soir. Pendant que leur mari joue au okey en sirottant des verres de thé à la çay evi, c'est donc ici que se cachent les femmes (disons celles qui en ont les moyens...) 
 
     Ici qu'elle se cache, et cessent en même temps de se cacher pour qui peut entrer avec elles. Car ici, le voile, les voiles tombent. La pudeur, si présente en dehors, surtout dans le rapport aux hommes bien sûr, est repoussée dans ses derniers retranchements : la nudité est à moitié ou totalement dévoilée, l'on se lave entièrement, jusqu'aux parties intimes, aux yeux toutes. Il règne comme une complicité naturelle et les regards qui vous accueillent, souriants mais ne vous dévisageant pas, ne vous détaillant plus de haut en bas comme c'est le cas dans les rues, ont vite fait de vous faire partager l'aise générale. On partage les mêmes robinets et petit bassin, on s'aide à se savonner le dos, on se prête les savons.
 
      C'est donc une grande liberté que trouvent les femmes derrière ce voile commun que sont les murs d'un hamam - une certaines liberté de mouvement, d'aise que nous ne connaissons souvent pas par chez nous (exception faites de ceux qui passent leurs étés chez les tous nus ;). Bon, ce n'est tout de même pas comme chez Indres, seules quelques vielles dames avaient les fesses à l'air, la plus part gardent leur culotte ; les jeunes filles ont généralement les seins couverts. Il semble que la pudeur soit l'apanage de la nouvelle génération, de celle qui se découvre par ailleurs les cheveux dans la rue... intéressante équation. 
 
 
 
       Les peaux plus sombres que celles du tableau, les corps parfois un peu plus minces pour les jeunes filles, parfois plus rondelets...pour les mères et grands mères, on peut parler d'une véritable opulence - le gras est signe d'un bon ménage, alors on l'aborde sans plus de gêne que celle qu'il occasionne pour tout déplacement! Certaines jeunes femmes, plus que bien en chair, n'en sont pas moins d'une grande beauté : visage rayonnant et traits délicats, formes harminieuses et fermes, superbe couleur de peau... Au delà des symbôles, des significations que l'on peut trouver dans le canon de beauté de la femme bien - plus que bien - en chair, on comprend mieux, à les regarder, ce qui peut suciter un tel sens esthétique. Parmi les jeunes il me semble que l'on est bien plus préoccupées par leur ligne (si les femmes se mettent à vouloir être minces, le métier de Maman à de l'avenir par ici!)
 
     L'une des grands-mères masseuses, que je croise dans le vestiaire, me regarde de bas en haut avec un grand sourire, évaluant ula marchandise. Elle me demande si j'ai fait un gommage, elle ne m'a pas vue, mais pourquoi il le faut, avec un gommage, machallah, tu seras yaprak, yaprak! Et les femmes alentour d'aprouver - la légugende veut que les mères de jeunes homme à marier cherchent leur future bru dans l'intimité du hammam : tout les voiles étant tombés, elles peuvent juger la carrure, tâter la marchandise en proposant un gommage, etc. Bref, d'une main experte, élire le meilleur morceau pour donner la vie aux fils de son fils... Je n'ai donc pas échapper à la règle, et n'étant l'anneau qui me permet de me prétendre fiancée, j'aurais trouvé une belle-famille!! L'histoire se finit par des rires, et l'on insiste un peu sur le ton de la blague.
 
     À la sortie du hammam, les corps se recouvrent, les cheveux se cachent sous le tissus coloré ou sombre. Il reste dans le regard un peu de cette complicité, un éclat qui vous dit que l'on est de la même famille, que l'on se comprend..
D'autres histoires m'ammènent à penser que ce qui, à première vue, peut rendre moins aisé le voyage en pays musulman pour une femme, lui ouvre en fait les portes d'un univers auquel l'homme n'aura pas accès - et permet de sentir ou entendre un peu mieux peut-être cette culture qui sucite bien des incompréhension, et partant d'en mieux en apprécier les joliesses. Nous y reviendrons...
 
15 mars 2012

Des charmes du voile...

    Invitées de dernière minute d'une réunion de femmes dans la famille de notre professeur(e) de turc, Özge, nous assistons à un essayage de voiles. La mère d'Özge rentre tout juste du rituel voyage à la Mecque. Bien que non effectué dans les règles de l'art, lesquelles exigent que l'on séjourne dans la ville sainte du premier jour du Ramadan jusqu'à la fête de l'Aid (sacrifice) pour devenir Hacı (hadji, statut de celui qui a effectué le fameux pélerinage), son voyage lui octroie tout de même le respect dû à ce titre si honorable pour un musulman (les contraintes de la vie moderne permettent donc une certaine souplesse...).  En reine du jour,on lui orne la tête de ces beaux tissus qu'elle a ramené avec elle, tous du blanc que porte l'Hacı. les uns d'un blanc délicat ornés de dicrètes dentelles, les autres plus chatoyants avec leurs fins motifs fleuris. Ces voiles là ont un statut différent de ceux destinés à protéger la pureté de la femme des regards inconnus : ils ne se portent qu'à la maison ou chez les proches, ils ne voilent pas, ils montrent la respectabilité et la foi de celle qui les porte - et cela entre dans la sphère privée, celle que l'on soustrait aux regards du dehors. Et en regardant ce visage à la beauté que les années ont mûri, l'oval gracieusement souligné, l'éclat des yeux d'amande, mis en valeur, qui scintille joyeusement au milieu du minois voilé, on perçoit mieux un certain sens de l'esthétique, et l'élégance, toute en subtilités, d'une musulmane.

 


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Je n'ai malheureusement pas de photos de cette réunion de femmes pour illustrer mes propos, je puise dans les photos prises plus tôt, puissent-elles doner une idée... 

 

    Il ne s'agit pas, bien sûr, de justifier ceux qui veulent contraindre le sexe féminin à se soustraire au regard des hommes etc. Ces observations n'induisent pas de discours à saveur politique (quand on est une femme française, le fémisnisme être distillé dans le sang je crois, et la situation des femmes en Turquie peut appeler bien des observations pour un regard européen). Simplement, en prenant cette culture telle qu'elle se laisse entrevoir, et en s'abstenant d'adopter la position - bien facile - du juge moral qui détiendrai quelque vérité, tâcher de la goûter, autant qu'il nous est donné de le faire. J'espère me faire assez comprendre sur ce point... 

 

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Cette photo-là je l'ai piquée sur un autre blog, ''kusura bakma'' dirait un turc (ne regardait pas ma faute), mais elle est fort belle!

    Si l'Hacı est la reine de cette réunion, les deux jeunes étrangères à ces cotés n'en sont pas moins une attraction appréciable. Nous n'échappons donc pas à l'essayage. Une des femmes présentes, qui avait gardé son voile aux multiples violets, l'ôte sans ménagement et, un grand sourire au lèvre, se poste en face de moi. Il y a d'abord l'art de plier le carré en deux, puis de le mettre sur la tête, de croiser les deux pans sous le mentons et de les attacher avec une épingle sur la nuque - la différence entre une main novice et celle experte et flagrante ; de la première on aura simplement la tête couverte d'un chiffon, de la seconde les formes du cou, de la nuque et de l'arrière tête seront élégament accentuées, la silouhette plus gracieuse! Et les femmes de s'exclamer à la vue de cette yabancı (yabandjeu, étrangère) s'approcher joliement et pour un instant de l'esthétique turque. Je ne troquerai pour rien au monde les joies la chevelure défaite au vent contre le châle qui cache tout en soulignant, soustrait au regard tout en lui offrant une beauté recherchée, mais il faut reconnaître ses charmes à cette coiffure !

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28 février 2012

Maraş

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28 février 2012

Maraş (suite)

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24 février 2012

Turquie...

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Une photo qui en dit beaucoup - la grandissante Antep qui rattrape, avec ses gros blocs d'appartement tout confort, les petits villages environnant, où la vie suit son cours, tranquillement...

24 février 2012

Un week-end à Hatay

Sur la route vers Hatay, un marché de village - les oranges, les citrons abondent... un kilo coûte environ 60 ou 80 kurush...soit moins de 40 centimes d'euros! Sur les routes, un bonhomme et une camionnette, une grande brouette pleine de fruit se croise régulièrement, ou bien un enfant avec quelques filet de cinq ou dis kilos à vendre...

  

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Plus tout à fait la Turquie, pas encore la Syrie... Hatay, ou Antakya, autrefois Alexandrette est une ville un peu à part. Peuplée en grande partie de familles arabes et turques, les deux langues s'y parlent et, tous les cinquante ans, un référendum demande aux habitants de la province s'ils veulent être citoyens turcs ou syriens. Je ne saurais dire exactement quoi, mais on recent une différence, une atmosphère différente de celle de Gaziantep et des autres villes voisines d'Hatay.

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Un chaud soleil, une débonnaire agitation, pas de gros blocs d'immeubles comme dans la plupart des villes que nous avons visitées, les collines à dix minutes de marche, des vielles pierres un peu partout, des églises, des mosquées, des synagogue... l'histoire reste floue pour mes yeux ignares, mais elle se voit.

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23 février 2012

Une petite photo de nous

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Dans une ruelle de Hatay, avec Natalia, ma ''collègue'' et colloc polonaise, et Hassan, un ami - un des seuls avec lequel nous nous sentons totalement à l'aise, parce qu'un des seuls qui pense par lui même, prenant du recul face à l'allégeance sans borne à Atatürk et au nationalisme local... 

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