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Je vous écris de Gaziantep
15 mars 2012

Des charmes du voile...

    Invitées de dernière minute d'une réunion de femmes dans la famille de notre professeur(e) de turc, Özge, nous assistons à un essayage de voiles. La mère d'Özge rentre tout juste du rituel voyage à la Mecque. Bien que non effectué dans les règles de l'art, lesquelles exigent que l'on séjourne dans la ville sainte du premier jour du Ramadan jusqu'à la fête de l'Aid (sacrifice) pour devenir Hacı (hadji, statut de celui qui a effectué le fameux pélerinage), son voyage lui octroie tout de même le respect dû à ce titre si honorable pour un musulman (les contraintes de la vie moderne permettent donc une certaine souplesse...).  En reine du jour,on lui orne la tête de ces beaux tissus qu'elle a ramené avec elle, tous du blanc que porte l'Hacı. les uns d'un blanc délicat ornés de dicrètes dentelles, les autres plus chatoyants avec leurs fins motifs fleuris. Ces voiles là ont un statut différent de ceux destinés à protéger la pureté de la femme des regards inconnus : ils ne se portent qu'à la maison ou chez les proches, ils ne voilent pas, ils montrent la respectabilité et la foi de celle qui les porte - et cela entre dans la sphère privée, celle que l'on soustrait aux regards du dehors. Et en regardant ce visage à la beauté que les années ont mûri, l'oval gracieusement souligné, l'éclat des yeux d'amande, mis en valeur, qui scintille joyeusement au milieu du minois voilé, on perçoit mieux un certain sens de l'esthétique, et l'élégance, toute en subtilités, d'une musulmane.

 


IMG_0045

Je n'ai malheureusement pas de photos de cette réunion de femmes pour illustrer mes propos, je puise dans les photos prises plus tôt, puissent-elles doner une idée... 

 

    Il ne s'agit pas, bien sûr, de justifier ceux qui veulent contraindre le sexe féminin à se soustraire au regard des hommes etc. Ces observations n'induisent pas de discours à saveur politique (quand on est une femme française, le fémisnisme être distillé dans le sang je crois, et la situation des femmes en Turquie peut appeler bien des observations pour un regard européen). Simplement, en prenant cette culture telle qu'elle se laisse entrevoir, et en s'abstenant d'adopter la position - bien facile - du juge moral qui détiendrai quelque vérité, tâcher de la goûter, autant qu'il nous est donné de le faire. J'espère me faire assez comprendre sur ce point... 

 

images

Cette photo-là je l'ai piquée sur un autre blog, ''kusura bakma'' dirait un turc (ne regardait pas ma faute), mais elle est fort belle!

    Si l'Hacı est la reine de cette réunion, les deux jeunes étrangères à ces cotés n'en sont pas moins une attraction appréciable. Nous n'échappons donc pas à l'essayage. Une des femmes présentes, qui avait gardé son voile aux multiples violets, l'ôte sans ménagement et, un grand sourire au lèvre, se poste en face de moi. Il y a d'abord l'art de plier le carré en deux, puis de le mettre sur la tête, de croiser les deux pans sous le mentons et de les attacher avec une épingle sur la nuque - la différence entre une main novice et celle experte et flagrante ; de la première on aura simplement la tête couverte d'un chiffon, de la seconde les formes du cou, de la nuque et de l'arrière tête seront élégament accentuées, la silouhette plus gracieuse! Et les femmes de s'exclamer à la vue de cette yabancı (yabandjeu, étrangère) s'approcher joliement et pour un instant de l'esthétique turque. Je ne troquerai pour rien au monde les joies la chevelure défaite au vent contre le châle qui cache tout en soulignant, soustrait au regard tout en lui offrant une beauté recherchée, mais il faut reconnaître ses charmes à cette coiffure !

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